Avales ta langue MAINTENANT
Oh!
Regarde les yeux évanouis dans l'âtre
les murs sourds encrassés de cire d'explosion
un feu sans fumée pour le relier au monde
derrière les enveloppes se cachent
derrière les enveloppes se cachent
les réminiscences d'une Révolution

Et partout la cohue
dans la Rue des Murs
et entre ceux des geôles

"Nous construirons d'autres prisons"
prédit l'Imperator
diktat du mutisme mural

Nous, nous construirons des pages de béton
en regard des barreaux
pour porter l'idée d'un rêve inachevé
à travers les colonnes de l'indifférence
Nous, nous détruirons d'autres prisons

Ils éructent
la peur
barrière d'ignorance
d'instinct
suit la marche en silence

si tu ne te traînes pas dans le rang
l'½il noir des canons
saura te mettre en ordre

Mais les pierres roulent encore sur le rivage
depuis des millénaires, à travers toutes les guerres
sans cesse, elles se sont souvenue d'avoir été
volcan
montagne
abysse
étoile


La mort de la colère laisse les rues pavées
propres, stériles
de cette indignation
futile pour ceux qui marchent
sous des mers de symboles
vides et aveugles

Une brique de conscience
brise l'inoffensif cours
d'un cortège sans rage
Les miroirs du spectacle
n'abîment plus la réalité
L'immense serpent
sans tête ni queue
a perdu le sens
avance
s'écorche en vain
aux éclats des vitrines
de sa vie d'esclave
à l'infini reflet
d'une liberté factice

Les pierres ne veulent plus être murs,
ni frontières,
ni barrières
ni temples
ni tombeaux
Et dans nos mains habiles
et chaudes de révolte
elles volent aux quatre vents
et portent leur message
aux lentilles de verre
vitre fumée laser
feu froid d'acier
casques creux
carapaces et rapaces
face à qui nous faisons front.



NOTHING